La Nouvelle est un exercice exigeant qui m'a beaucoup appris : saisir immédiatement l'attention du lecteur, camper une atmosphère et des personnages en peu de lignes, dérouler une action forte et cohérente pour, au final, surprendre et boucler tout en ouvrant une fenêtre.

Soumettre mes textes à des jurys m'a également enseigné le soin du lecteur : aurais-je plaisir à lire ce que j'écris ?

Les déconvenues n'ont pas manqué, c'est la loi des concours, mais elles m'ont poussée dans mes retranchements, et remettre cent fois sur le métier mon ouvrage est dans ma nature, comme en témoigne cet aveu de Camus, épinglé au-dessus de mon bureau : " C'est toujours comme ça pour moi : il faut que je recommence les choses si je veux les faire vraiment bien ".

Une nouvelle, enfin, c'est une courte distance dont on voit le bout. Un texte dont on est certain, si on l'adresse à un concours, qu'il sera lu et d'une manière ou d'une autre, sanctionné. Je me relance donc dans cet exercice à chaque fois que je me sens perdue devant un projet de roman. Parce que le roman, c'est la plongée en haute mer : pas de terre à l'horizon pendant des jours, des mois, et parfois des années. Et même après, quand il est enfin terminé, envoyé à des éditeurs, la réponse est 999 fois sur 1000 un silence aussi abyssal que la multitude de nuits passée à l'écrire - tous ceux qui écrivent le savent bien. Mais en même temps, quoi de plus exaltant que cette longue immersion en eaux profondes ? Elle donne aux personnages et à l'histoire le temps de croître, gagner en épaisseur, et ce monde parallèle que l'on construit vient enrichir le quotidien, comme un voyage privé qu'on entreprendrait tous les soirs.

Sans l'avoir prémédité, j'ai jeté un pont entre les deux genres : je pars d'une nouvelle qui me tient particulièrement à cœur (primée ou pas, c'est sans conséquence) mais m'a laissée sur ma faim, et j'interroge la situation dramatique qui s'est nouée, les personnages qui s'y débattent : le roman démarre.

En conclusion, pour ce qui me concerne, et sans qu'il soit question d'établir une hiérarchie, la nouvelle est un sprint et le roman un marathon : dans les deux cas, le principe est de courir. Après l'idée, les héros, la destination.

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